Sylvie Thénault, « La disparition de Maurice Audin. Les historiens à l’épreuve d’une enquête impossible (1957-2014) », Histoire@Politique 2017/1 (n° 31), p. 140-153. DOI 10.3917/hp.031.0140
« À partir du moment où le juge d’instruction n’avait pas fait son travail, c’était à l’historien de le faire1. » Ainsi Pierre Vidal-Naquet présentait-il son engagement dans l’affaire Audin, en pleine guerre d’indépendance algérienne (1954-1962). Militant du Parti communiste algérien (PCA), Maurice Audin avait été arrêté en 1957 à Alger, par les parachutistes. Ces derniers étaient alors titulaires des pouvoirs de police qui leur permettaient d’arrêter, de détenir et d’interroger tout individu. Le PCA, auquel Audin appartenait, était une des cibles de la répression française. Il avait été dissout et ses militants, entrés dans la clandestinité, s’étaient engagés dans la lutte pour l’indépendance, de diverses manières : maquis, propagande, terrorisme urbain2… Précisément, les parachutistes recherchaient activement les dirigeants du PCA et ils ont arrêté Audin en pensant qu’il pourrait les mener à eux3…