Josette et Maurice Audin

par Ajma

Maurice est né le 14 févier 1932 à Béja (Tunisie)

La famille suivit les déplacements du père gendarme en service dans le Protectorat de Tunisie où Maurice Audin naquit, puis passa par Bayonne avant l’installation à Alger en 1940, le père étant démobilisé. Né à Lyon en 1900, son père avait fait divers petits métiers à Lyon et à Paris, avant de s’engager dans l’armée le jour de ses dix-huit ans Il fut envoyé au Maroc pendant la guerre du Rif avant d’être affecté en Algérie. C’est lors de ce casernement dans l’Algérois, qu’il rencontra et épousa Alphonsine Fort, née près de Koléa au bord de la Mitidja dans une famille à la vie difficile de très petits colons, proche de celle des ouvriers agricoles. Veuve, la mère éleva plusieurs enfants ; très jeune, Alphonsine avait été placée comme fille de service dans des familles de colons. Après leur mariage, le père officia comme garde forestier en Kabylie. Il tenta un retour à Lyon en devenant ouvrier avant d’être réduit au chômage dans la crise de 1929-1930. Il se réengagea alors dans la gendarmerie et fut envoyé en Tunisie. C’est donc après quinze ans d’armée, qu’il revint avec sa famille en 1940 à Alger. Il présenta le concours des Postes et resta postier à Alger jusqu’à sa retraite en 1962.

Après être passé par plusieurs écoles primaires, Maurice Audin entra au lycée Gauthier d’Alger à la rentrée d’octobre 1942. Le débarquement allié du 8 novembre 1942 perturba un temps la scolarisation en faisant servir le lycée à l’hébergement de troupes. En tant que fils de gendarme, Maurice Audin entra à l’école des enfants de troupes qui se trouvait alors à Hammam Righa dans le haut Chélif, et où on était interne sous uniforme et règlement militaire ; il y suivit la scolarité jusqu’au brevet à la fin de la 3e et passa ensuite à l’École militaire qui faisait fonction de lycée à Autun. Après son succès à la première partie du baccalauréat, Maurice Audin obtint de ses parents le rachat du prix de ses études auprès de l’armée pour retrouver Alger et le lycée Gauthier en classe de Math-élém. ; il réussit la seconde partie du baccalauréat.

En 1949, il entra à la Faculté des sciences d’Alger pour suivre des études de mathématiques : licence, diplôme d’études supérieures. Il se distingua et fut ainsi appelé à partir du 1er février 1953 comme assistant à la Faculté par le professeur René de Possel qui le prit en thèse sous sa direction et le mit en contact avec son patron de Paris, le grand mathématicien Laurent Schwartz*. Maurice Audin venait de se marier avec Josette Sempé le 24 janvier 1953 ; ils eurent bientôt trois enfants : Michèle née le 3 janvier 1954, et pendant la guerre d’Algérie, Louis né le 18 octobre 1955, et en pleine montée de la Bataille d’Alger, Pierre né le 28 avril 1957. Josette Audin avait pris un poste d’adjointe d’enseignement.

Les jeunes gens se rencontrèrent tant sur les bancs de la Faculté des sciences qu’aux réunions de la cellule des étudiants communistes de l’Université. Josette Sempé était née dans une famille de petits fonctionnaires installée en Algérie depuis trois générations ; elle était membre du PCA depuis 1950 et Maurice Audin y adhéra en 1951. Dans ces années de guerre froide, ils participèrent en commun à la campagne communiste contre l’intervention américaine en Corée conduite par le Mouvement de la paix et à celle contre la guerre coloniale française d’Indochine. Par anticolonialisme et par adhésion à l’indépendance d’une Algérie algérienne, ils se trouvaient entraînés avec la part active du PCA dans le soutien du mouvement de libération, quelles que soient les réserves vis-à-vis du FLN qui tenaient les communistes en marge. Depuis septembre 1955, le PCA était interdit et les communistes les plus notoires ou repérés, voués à la clandestinité.

https://maitron.fr/spip.php?article10420, notice AUDIN Maurice par René Gallissot, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 21 juin 2020.

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