Une rue Maurice-Audin à Paris !

par Ajma

Mercredi 11 Juillet 2001


Le Conseil de Paris a décidé à l’unanimité de donner le nom de Maurice Audin, le jeune mathématicien communiste torturé à mort, à Alger, en 1957, à la rue des Tourelles, entre l’avenue Gambetta et le boulevard Mortier, dans le 20e arrondissement de la capitale.
Tous les élus de gauche, communistes, socialistes, MDC, verts, ont ratifié ce choix, tandis que les conseillers de droite n’ont pas pris part au vote et ne se sont risqués à aucun commentaire, en particulier lors de l’exposé des motifs.
C’est lundi 9 juillet, en fin d’après-midi, que le vou déposé au préalable par les élus communistes de Paris a été présenté par Pierre Mansat. Dans son exposé des motifs, l’adjoint au maire qui ne cachait pas son émotion a indiqué :  » Les révélations du général Aussaresses sur les tortures pratiquées par l’armée française durant la guerre d’Algérie ont remis au jour un pan de l’histoire de notre pays qui est loin d’être reconnu dans toutes ses dimensions. Maurice Audin, jeune intellectuel, a très probablement été assassiné par les services d’Aussaresses. « 
Il a ajouté :  » Les révélations du général font état des tortures pratiquées par ses hommes, dans la villa des Tourelles située dans la banlieue d’Alger. Il relève que :  » La rue des Tourelles dans le 20 arrondissement est, par une coïncidence surprenante, l’endroit qui abrite la caserne des Tourelles, où était installé à l’époque le SDECE.  » Donner le nom de Maurice Audin à la partie de la rue des Tourelles qui longe la caserne (entre l’avenue Gambetta et le boulevard Mortier) serait un signe politique fort pour perpétuer le souvenir des victimes de la torture légale. Et ainsi le nom de Maurice Audin rayonnerait à Paris comme il rayonne à Alger. « 
Le choix de la rue des Tourelles, approuvé par les élus, n’est évidemment pas dû au hasard. Se trouve là, en effet, la fameuse caserne des services spéciaux où, très vraisemblablement, sont passés des militants algériens. Et c’est dans cette même caserne que des résistants au fascisme ont été incarcérés et interrogés durant la Seconde Guerre mondiale. Le symbole est donc puissant concernant ce lieu qui s’est illustré dans les actes de répression.
Désormais, une commission aura à charge de préparer l’acte qui consistera à apposer la plaque. Déjà un comité de parrainage est en cours de constitution afin de lui donner tout le sens et l’éclat qu’il mérite. L’initiative du voeu avait été appuyée par Henri Alleg, Simone de Bollardière, Nicole Dreyfus, Noël Favrelière, Gisèle Halimi, Alban Liechti, Madeleine Rebérioux, Laurent Schwartz, Germaine Tillion, Jean Vendrart.
La campagne lancée par l’Appel des douze pour que la torture soit reconnue et officiellement condamnée est bien sûr pour beaucoup dans l’initiative parisienne. De surcroît la plainte déposée récemment par Josette Audin et le retentissement qu’elle a connu ont visiblement eu raison des éventuelles réticences.

Charles Silvestre

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